Pendant que Jean-Marie et Pierre MENEBOODE partent sur les routes de France à vélo et à pied afin de fuir l'avance des Allemands (Voir Mai-Juin 1940 sur les routes de France), leurs deux soeurs, Jeanne (Janine) et Geneviève (Ginette) MENEBOODE, restées à Lille, tiennent un journal dans un style télégraphique retraçant l'agenda de leurs journées, consignant leur vie de famille en l'absence de leurs frères, partagée avec leurs grand-parents, mais aussi les évènements tragiques de ces semaines avec la chute de Lille, les prisonniers et les premières mesures de l'occupant.

MAI 1940
Lu  Ma  Me  Je  Ve  Sa  Di 
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JUIN 1940
Lu  Ma  Me  Je  Ve  Sa  Di 
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10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
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JUILLET 1940
Lu  Ma  Me  Je  Ve  Sa  Di 
 1   2  3   4   5 
10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
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Introduction

Jeanne (Janine), 19 ans, et Geneviève (Ginette), 17 ans, MENEBOODE habitent ainsi que leurs deux frères avec leur mère au 51, rue Masséna à Lille, au dessus de l'ancienne marbrerie MENEBOODE que tenait leur grand-père, Charles MENEBOODE, appelé ici Grand-Père, et qui fait face aux Halles centrales. Charles habite alors au 18, rue Jean Levasseur, donnant sur la place de Tourcoing qui sera rebaptisée place du Maréchal Leclerc en 1952, au bout de la rue Nationale et du boulevard Vauban.

La mère des adolescentes rédactrices de ce journal, Jeanne DAUBRESSE est la veuve de Robert MENEBOODE décédé en 1928, qui assistait son père Charles à la marbrerie ainsi que son frère Charles (fils).  Les parents de Jeanne, Jules DAUBRESSE appelé ici Bon-Papa, et Cécile GENNEVOISE, appelé ici Bonne-Maman, habitent alors à Lambersart, en banlieue proche de Lille. Jean DAUBRESSE, frère de Jeanne, habite à Ascq, de l'autre côté de Lille.

J'ai ajouté des précisions complémentaires entre [crochets] quand cela semblait nécessaire, et tous les patronymes ont été mis en capitales.

Pendant ce temps-là à Lille

Dimanche 19 mai

Charles MENEBOODE et ses petits-enfants

Billets pour Boulogne à 7h (Maman et Jean-Marie). Malles sur charette à la gare de 11h à 14h. Bonne renvoyée de Wissant. Arrivée Tonton Jean [DAUBRESSE]. Paquets des frères. Adieux à Grand-Père [Charles MENEBOODE]. Départ à 18 heures. Avion anglais touché rue Pierre Legrand. Quatre tués. DCA donne encore (Apprenons par la suite que c'est neuf tués).

Lundi 20 mai

Arrivée Tonton Jean  6h30. Paquets. Départ définitif à 7h. Bon-Papa [Jules DAUBRESSE] et Ginette à Lambersart.

Evacués. Mme VAN APELGHEM après-midi. Pris pommes de terre et carottes aux Halles (Julia). Janine, Ginette chez Grand-Père.

DCA en activité. Maman [Jeanne DAUBRESSE, veuve de Robert MENEBOODE] nous rejoint. 17h30, Janine et Ginette rue Négrier pour pain. Visite chez RAIDEZ, DELOBEL et VIENNE.

Coups terribles de DCA. Soldat belge de Bruxelles. Plus de gaz.

Mardi 21 mai

1h25 du matin : quatre gros coups de canon tous les quarts d'heure. 9h15 : bombe.

Bon-Papa à l'Evêché. SAINT VENAULT ramené à Lille. Bon-Papa chez Grand-Père.

Cardinal va à la Porte de Béthune. Vers 14h30, visite chez VAN APELGHEM. GALLANT dévalisé. Acheté oranges chez BEAUCHAMPS. Vers 17h30, arrivée Ginette et Janine chez Grand-Père.

Communiqué : prise d'Arras 8h, Amiens 12h. Discours P. RAYNAUD. Retour. Salut à 18h. Vu économe rue Jean Levasseur.

Nombreux Anglais. 21h30 coucher. Coups, cris, suicide de Mr BAERT, cabaretier à coté de DELTOUR. Nuit assez calme. Bon-Papa amène une poule de Bresse.

Mercredi 22 mai

6 heures. DCA en action. Lever 6h30. Tué poule. temps très gris. Facteur distribue quelques lettres. Dévalisé DELTOUR. Vu soeur de M. LEDUC qui a raté train. Fr. BRICHE chez nous. (Vélo 840 frs). Janine et Ginette Chez FOSSÉ (T.S.F.). Pain rue Négrier. Arrivée chez Grand-Père. Reconduit Fr. BRICHE à Lambersart puis chez BAUDELAIRE.

Deux espions fusillés chez SCRIVE. Lumière des bréviaires (?) de Léontine. Retour : 19h30. 22h : coucher. Nuit calme. Ecrit à Ribérac.

Jeudi 23 mai

Lever 7h30. Quatres alertes dans la matinée. État-major revenu. Soldats français et anglais à Lille.

Lettres de Grand-Père à Osmane [épouse de Charles MENEBOODE fils], de Lanouaru et réfugiés rue de Varennes. Visite des ROLLAND. Arrivée Fr. BRICHE. revu petit épicier. Visite chez Grand-Père.

En revenant, bombardement terrible, mitrailleuses. descendu deux fois dans la cave "Petite Marquise". Rencontre Fr. BRICHE chez FAUCHEUR, mis à l'abri à Blanche de Castille. Bon-Papa à Lambersart.

Avion allemand abattu. Soldats du "Roi des cafés". Prépare cave chez Mme POTEAUX. resté couché à la maison.

Nuit calme, sauf bombardement à 3 heures du matin. Avion abattu derrière Saint Michel. Le matin, un à Lambersart.

Vendredi 24 mai

Bombardement à 8 heures. Cuit poule. Enterrement BAERT à 9 heures. Vu Mme DERMAUX : elle dit que Monseigneur LIENART est maire. Vu LEDUC. 14h : vu BRICHE. Visite chez Grand-Père. G. RAIDEZ pas rentrée. Retour à la maison.

Bombardement ainsi que la nuit.

Samedi 25 mai

Vingt avions allemands survolent. Tirs de DCA. Vu L. DE WILDE et G. BLONDEL. Nombreux avions, ne lâchent rien sur la ville. Conduit frère d'AUVERS ; il a vu la gare d'Enghien [Belgique]. G. RAIDEZ toujours pas rentrée. Nuit assez calme.

Avions français, moteurs allemands. Trois civils  (Deux tués, un prisonnier) ... un million de francs abattus à Lesquin. Nuit assez calme.

Dimanche 26 mai

Messe à 9 heures. On entend très fort le canon du front. Janine va s'offrir comme infirmière à la préfecture, puis à la Mairie.

En revenant de la Mairie, coups de DCA terribles. Une centaine d'avions survole la ville pendant la journée. À 14 heures, bombardement : Boulevard des Écoles.

En revenant chez Grand-Père, avions allemands, sirènes, bombardement, DCA ; réfugions contre une porte près de la Jésuiterie. Bonne-Maman [Cécile GENNEVOISE, épouse de Jules DAUBRESSE] malade. Journée très trouble.

Lundi 27 mai

Bon-Papa et Janine à Lambersart. Bombardements chez Victoire. Incendie à cent mètres devant Assochar. Maman, Bonne-Maman, Ginette chez Grand-Père.

Bombardement épouvantable. Vu maternité. Visite des DUPUIS. Allemands à Menin [Belgique, ville frontière avec Halluin].

Mardi 28 mai

À 9 heures 20 : entrée des Allemands. 
Cinq mille prisonniers, ponts sautés. Plein des Halles. Farine devant camion français dévalisé par Allemands. À 15 heures, visite chez VAN APELGHEM. 16 heures : accident riposte. À 18 heures accalmie. Fr. BRICHE arrivée ; 10 heures : renvoyée des PTT, reste diner, repart vers 14 heures sur son vélo.

Grand incendie en direction de Loos. Prisonniers civils restent toute la nuit sur la place - ils se fâchent. Orage terrible. Gros coups la nuit.

Mercredi 29 mai

Au moins dix mille soldats français prisonniers dans les Halles au cours de la journée. Nous passons notre après-midi au balcon à "admirer" les Allemands. Le matin, TSF, puis Allemand vient donner des indications aux Lillois. Ils admirent le sang-froid des Français et disent qu'ils en veulent surtout au capitalisme anglais. Bon-Papa lit un journal allemand.

Capitulation de la Belgique.

Bon-Papa va chez Grand-Père : en arrivant place de Tourcoing voit une bataille. Maison FIÉVET démolie. Plus une vitre chez Grand-Père qui est à moitié fou. Bon-Papa rapporte plein de biscuits de soldat. Plus de pain.

Chevaux morts sur place de Tourcoing. Femmes portent oranges, pommes, citrons aux soldats français qui sont parqués dans les Halles. En valise <illisible> de Bon Papa chez Grand-Père au début de l'aprè-midi.

Batailles de rues, mitrailleuses sur la place. Nous allons voir au grenier l'incendie de la place de Tourcoing : deux foyers. On doit fermer ses fenêtres à 9 heures [du soir]. Les Marocains tiennent toujours.

Jeudi 30 mai

Je dors dans le placard. Queue pour le pain chez ROUILLON. Douze bananes chez MONNOT à un Allemand.

Arrivée de prisonniers dans les Halles. À 13 heures 30, partent trois par trois ; le défilé passe pendant six minutes et demie. Bataille de rues continue.

Bon-Papa et Janine vont au faubourg d'Arras. Statue de Jeanne d'Arc, soldats et chevaux morts.

Changement d'heure (avancée). Défense de sortir de 21h à 6h. Un grand blessé passe sur un brancard. Plus d'eau, gaz, électricité.

La citadelle tient toujours. Le soir, vers 21h30 : coups, bombardements, explosions terribles, les vitres tremblent. Kuhlmann, Hogporc [usine de charcuterie de Jean CABY située à Saint-André-lez-Lille], la place de Tourcoing en feu. Mamy VAN A[PELGHEM] vient.

Vendredi 31 mai

Réveil en fanfare par des explosions et des bombardements épouvantables. Grand-Père et Léontine viennent se réfugier chez nous.

Place de Tourcoing brûle, chevaux morts.

Aventure du livret de famille. Quatre Allemands enterrés au jardin du Petit-Quinquin. Cuisine roulante chez CATTEAU. Grand incendie derrière Saint-Joseph.

Samedi 1er juin

Lever à 10h. Première nuit calme. Passage d'avions très nombreux. Bonne-Maman et Maman vont sur les lieux des bombardements. G. RAIDEZ pas rentrée. Perquisition chez Grand-Père. Visite Mlle ROLLAND et Fr. BRICHE. Elle laisse son vélo.

Civils prisonniers, nous reconnaissons le garçon pharmacien de LEGRAND qui nous dit bonjour.

La colonne traverse la place de Tourcoing, transformée depuis vingt-quatre heures en vaste brasier circulaire par l'explosion de camions-citernes remplis d'essence,...

Tragédies en Flandres (Lille-Roubaix-Tourcoing), 1939-1944. Mgr L. Detrez et A. Chatelle. Librairie Tallandier. Lille, 1953.

Dimanche 2 juin

Messe à Saint-Michel à 11h. Un Allemand y assiste. Queue pendant deux heures à la boulangerie rue Gambetta. Vu Benjamin CHARVET.

Bonne-Maman et Maman vus ponts sautés.  Grand-Père et Léontine rue Jean Levasseur. Bon-Papa à Lambersart. DÉGALES à Lambersart.

Vu incendie avenue du Peuple Belge. le soir à 20h passage [de] très nombreux Allemands en voiture, à pied, à bicyclette. HITLER est, dit-on, à Lille. Toujours sans eau, gaz, électricité. Bonne-Maman et Maman vont voir les dégats.

Lundi 3 juin

Bon-Papa part de bonne heure à Lambersart. Bonnes nouvelles de Mlle FAVIER. Vélo de M. FERRAND pris en revenant de Templemars. Après-midi, visite aux ROLLAND.

Grand passage de troupes. Janine vu verser chaux sur chevaux. Visite chez Mlle MASUREL, chez Dom...

Mardi 4 juin

Eau et gaz revenus. Gaz par intermittances. Fr. BRIHE vient passer la journée. Bonne-Maman attend quatre heures pour un pain au milieu de la fleur lilloise.G. RAIDEZ à Burlaire. Sept livres de pain.

Père des enfants DE PARC tué par un obus à Abbeville.

Mercredi 5 juin

Civils ramassés, vélos et à pied (40) dont un voisin de quatorze ans qui est revenu le soir. Accident jeune fille. Pas de gaz. Version abracadabrante. Nombreux avions. Léontine chez RAGNAT "Tout va bien".

Récit de l'évacuation de M. GOURDIN. Bon-Papa à Lambersart.

Jeudi 6 juin

On annonce des cartes de ravitaillement. Courses avec Fr. BRICHE. Des centaines d'avions. Caget Allemand. Par bonheur sept livres de pain.

Monseigneur JANSOONE revenu avec le Cardinal LIENART de Saint-Omer. Mort de Mme BIELLE (Enterrement, rouleau d'or). Six fraises de Lambersart.

Vendredi 7 juin

Messe. Deux amies viennent me prévenir que les cours VIVEQUIN [Mlle VIVEQUIN tenait une école commerciale rue Léonard Danel] reprennent. Courses en ville avec Fr. BRICHE. Électricité revenue. Bon-Papa revient de Lambersart à 7h15 et y retourne à 20 heures.

Samedi 8 juin

Retour chez Vivequin. Porte lettre chez HOUZÉ de l'AULNOIS. Fr. BRICHE, courses.

Bonne-Maman à Lambersart voit prisonniers. Bon-Papa va écouter la TSF chez VIVEQUIN.

Dimanche 9 juin

Messe 10h. Visite amusante du vitrier. Promenade pour voir dégats en ville.

Lundi 10 juin

Reprise de travail de Fr. BRICHE. Visite chez VANAPELGHEM. Ginette à Assistance Publique. Maman et Janine recontrent Père ROBAUT qui dit avoir vu Pierre [MENEBOODE] à Bruay.

Nombreux avions. Journaux paraissent.

Mardi 11 juin

Anniversaire du mariage de Thérèse [GENNEVOISE qui a épousé Jean FLAHAULT le 11.06.1932].

Affiches contre l'Angleterre. Denise DECORTE revenue de Fruges. Maman va voir le père WATTEL. Père ROBAUT frappé de la guerre n'a jamais vu Pierre ; doit être rendu à sa famille.

Collège Saint-Joseph laissé par les évacués dans un état épouvantable. Visite d'Étienne LOURINE? qui a ses billets pour Toulouse. Rencontré M. MANGIN, Mr DESREUMANS qui dit que Tonton Jean est prisonnrier [Jean DAUBRESSE a été fait prisonnier à Malo-les-Bains le 3 juin et restera en captivité jusqu'au 7 juillet 1941­].

Mercredi 12 juin

Rentrée de René PRANGÈRE. Détails sur son odyssée. Ne sait pas de nouvelles de sa femme et de sa mère. Visite à Mlles VIRLEUX et MASUREL.

Tracts des Anglais. Pas de journaux. Directeur arrêté.

Jeudi 13 juin

Blanchisseur dit qu'ils n'ont vu les Allemands que le vendredi. Bombardement de trois avions anglais.

Vendredi 14 juin

Retour des tantes ROLLAND à Lambersart. Détecteur des ondes françaises.

Allemands à Paris. Garçons pu passer à pied sec à Saint Valéry s/Somme.

Samedi 15 juin

Mme CUNIER revenue, perdue Jojo. Soulographie de GOURDIN.

Petit marché, nombreux acheteurs allemands.

Dimanche 16 juin

Bonne-Maman messe 6h30 Carmes. Nous à 10h. (Allemands même) Promenade avec Fr. BRICHE. Mangé gâteau patisserie Centre ; après-midi cimetière avec Maman et Janine. Tombe de Tante Maria [MENEBOODE, soeur de Charles père, décédée en novembre 1939] surélevée. Au cimetière du Sud, battu. Janine vu LEDUC. Maison pas démolie.

Lundi 17 juin

Une livre de beurre, 19h Huile.

Consterné nouvelles (déposition armes, discours PÉTAIN). Lettres envoyées après départ de frères revenues.

Mardi 18 juin

POULAILLER, ami de Tonton Jean nouvelles. Péripéties multiples. Annonce pour VIVEQUIN dans Gazette du Nord.

Mercredi 19 juin

Reconduit Alfreda TELLE à l'Assistance Publique. Charbon à Lambersart. Fr BRICHE venue diner.

La France continue à se battre. Gazette du Nord, Bulletin de Lille. AFCHAIN a la main coupée.

Jeudi 20 juin

Pensé anniversaire Pierre quinze ans. (Acte de démence de Janine). Avons bu une bouteille de vin blanc en son honneur. Visite VAN APELGHEM et G. RAIDEZ. Retour Grand-Père chez lui.

Chiens allemands, cris, aboiements pendant la nuit. Ami de Tonton Jean pas revenu.

Vendredi 21 juin

Humeur massacrante de Mlle VIVEQUIN. Janine va chez AFCHAIN.

Gérard : bras gauche coupé à un quart et bras gauche percé d'un éclat d'obus, placé.

Samedi 22 juin

Visite de l'ami de Tonton Jean. Promis visite pour lundi.  Après-midi : Fr. BRICHE. Janine et Ginette à Lambersart. Cueillette cerises.

Trois fusées vertes à 22h30.

Dimanche 23 juin

Quatre oeufs. Poules reconduites chez Grand-Père.

Armistice signée entre France et Allemagne. 

Lundi 24 juin

Ami de Tonton Jean à 10h. Visite avec lui chez VIVEQUIN puis chez MOREL. Bon-Papa l'attend de 14h30 à 15h30. Il ne vient pas. Carte partie pour Tonton Jean.

Mardi 25 juin

Janine [à la] Croix Rouge pour donner son nom. 9h30 : visite de l'ami de Tonton Jean chez VIVEQUIN.

Maison Fr. BRICHE démolie.

Mercredi 26 juin

Conditions de l'armistice.

Apprenons à 8h30 par René [PRANGÈRE] en bras de chemise que les garçons [leurs frères Jean-Marie et Pierre] sont allés à Deuil, ont vu Mme PRANGÈRE [le 23 mai ; les nouvelles mettent du temps à arriver !], puis sont partis chez Tante Lucie [GIRARD-DAUBRESSE, soeur de Jeanne DAUBRESSE]. Pas de détails.

Andrée revenue avec Jacques. René DUFIS vient à 19h30 et propose un vélo d'homme pour Bailleul.

Jeudi 27 juin

Journée à Ascq [où habite Jean DAUBRESSE]. Avons une carte d'identité chez VIVEQUIN en bigoudis et peignoir.

Défilés de prosonniers de la Foire Commerciale à Ascq. Ils sont tous du Midi. Trois nous parlent et voudraients'évader. Arrivent de Saint-Valéry. Vélo de DECORTE à Hellemmes.

Défense d'entrer chez Tonton Jean. Occupée par quinze soldats. Parlé en face à M. et Mme BARBIEUX. Mangé au café de la Gare rempli d'Allemands.

Nous trois (Janine, Françoise et moi) revenues seules à Lille. Perdu parents qui étaient chez Élise. Visite avant de repartir chez J. LEGRAND. Accident.

Le soir visite chez René PRANGÈRE. Andrée donne quelques détails sur les péripéties de Jean-Marie et Pierre [MENEBOODE].

 Vendredi 28 juin

Dernière <illisible> clé de René WATTRELOS (part Lundi à 7h du matin pour Paris) donné provisions. Bonne-Maman écrit à Jean par la Croix Rouge rue de l'Orphéon.

Visite à Mme STEVERLYNCK pour la rassurer sur ses trois enfants partis. Oublié de dire que DUHAMEAU avait trois éclats d'obus. Orpheline place Jeanne d'Arc prête son vélo.

Bonne-Maman reçoit la visite de la bonne de Monseigneur JANSOONE.

Samedi 29 juin

Recherche vélos. Janine obtient celui de Mamie VAN APELGHEM. Après midi : allons avec Françoise [BRICHE] chez AFCHAIN. Rien. Monoprix cadenas et rue Inkerman (C.R.F.).

Ginette part sur vélo avec Françoise pour Lambersart. Rien chez Mamet. Anne-Marie ROLLAND se démène et trouve un vélo de course. Ginette assiste au salut et rentre tard.

Dimanche 30 juin

Départ à 7h pour Bailleul. Faisons une moyenne de 19 kms à l'heure. Arrêt à Nieppe. Voyons Thérèse [GENNEVOISE]. Assistons à la messe de 9h.

Visitons maison de Françoise inhabitable. Déménageons ce qui reste encore pour sauver du pillage. Mettons ballots chez Mme PERUZE.

DCA allemande tire contre avions anglais. Nous nous mettons à l'abri à la Caisse d'Épargne. Émotions. Dînons chez Thérèse. Visite du cimetière ; pain. Retour pour goûter et cueillettes groseilles.

Départ à 17h pour Lille avec Tom (Janine nous annonce à l'avance pour éviter inquiétude de Maman) et retourne à Lambersart porter sacs.

Lundi 1er juillet

Lettre de Marie CRIÉE par Mlle GUERMONPREZ. Janine la porte à 13h30 chez Grand-Père. Visite trio PRANGÈRE à 20h15. donne culotte tricot ; pain chez VAN APELGHEM, offrons bonbons pour remercier du vélo.

À 19h rendons clou à l'orpheline. Caramels à 4 frs.

Mardi 2 juillet

Visite D. CORMANT et M. PRATTE. Ginette apporte prévisions de Sainte Odile. Fr. BRICHE venue me chercher au cours. Autobus Citroën pour donner une lettre à sa grand-mère.

Mercredi 3 juillet

Anniversaire de mon brevet. Licenciement de Fr. BRICHE désolée. Pris rendez-vous au coiffeur avec G. DELANNOY.

Jeudi 4 juillet

Visite chez Grand-Père avec Fr. BRICHE. Départ pour Templemars. Nouvelles chez les DESIRÉ : l'ainée perdue, les trois autres à Hennebout [Morbihan].

Évacuation de Tante Valentine [WAUQUIER] et Michel [GENNEVOISE, son époux]. Tante Valentine a rêvé que Lucien [GENNEVOISE, son fils] était tué.

À une heure du matin, avions anglais, lueurs qui éclairent la ville. En revenant de Templemars, grave accident entre deux autos allemandes, tués, blessés, sang, au coin de la rue Solférino et Gambetta.

Vendredi 5 juillet

 La feuille est restée blanche car...

...les "garçons" sont rentrés l'après-midi.

 Mai-Juin 1940 dans les médias